jeudi 23 avril 2020

Androgyne


Dans les yeux de Marion se reflète la courbe des lèvres de Fanny
qui sourit à Frédéric, ébloui derrière ses lunettes, par le soleil de midi. Leur discussion s’anime autour d’un café,
en plein cœur de Paris, à la terrasse du Bistrot Étoilé.
Fanny porte des chaussures à talon rouge qu’elle a achetées mercredi,
elles brillent, elle en est fière, elle est ravie.
Marion porte une cravate verte de son grand père,
souvenir émouvant, elle la lui avait offerte à son dernier anniversaire.
Quand à Frédéric, il n’a pas osé sortir sa robe bleu ciel d’été, elle est trop légère,
il préfère attendre que les températures soient printanières, et n’est-elle pas un peu vulgaire ?
Les cheveux au vent, Fanny effleure la barbe naissante de Marion en commandant une pinte.
Le collier de Frédéric fait toujours son effet, en perles de Corinthe.
Son maquillage du jour : rimmel discret, rouge carmin sur ses lèvres, fard à paupières bleu Klein.
Fanny lui emprunte ses boucles d’oreilles, elles s’accordent bien avec son teint !
Marion, elle, se grime sur place avec la mousse de la bière en guise de moustache.
Ces apparats les amusent, un jeu de cache cache ?
Ils, elles, évoluant dans le flou, l’évanescence, l’esprit parfois nébuleux,
un état complexe mais riche de possibilités, en dehors des cases, un entre-deux.
Moitié moitié, ni l’un ni l’autre, être ce que l’on a envie d’être sans fin.
Ressentir, vivre en étant soi même, visible, libre enfin.



















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