Mardi 17 Mars au petit matin je me suis rendue chez elle avec ma valise à roulettes verte,
mon sac à dos bleu de randonnée, la machine à café que mes parents m'ont offerte.
Le confinement a duré 55 jours, 2 mois.
J'ai passé 6 semaines chez elle et 2 semaines chez moi.
Nous étions dans une bulle d'amour, ce virus a été quelque part un "cadeau "pour notre vie à deux.
Avoir autant de temps ensemble, ce dont on rêvait, n'est-ce pas merveilleux !
J'ai fait durant cette période la liste des livres que j'ai lus, des habits que j'ai portés,
des gens à qui j'ai téléphoné, des repas que l'on a préparés,
des films que l'on a regardés, des sorties d'une heure quotidiennes à pieds ou en courant,
des informations et émissions écoutées à la radio, de tous les jeux de société avec Jean,
ses sujets de devoirs à distance, des soirées annulées, barrées soigneusement sur mon agenda.
J'ai illustré en noir et blanc, au stylo encre; dessins denses, précis, une accumulation parfois de guingois.
J'ai continué avec une série aux feutres de tous les événements partagés ensemble, à trois, à deux.
Travail à distance, repas sur la terrasse, thé à la menthe, applaudissements, spiritueux.
Des événements particuliers, des moments suspendus, des instants uniques.
Des représentations également de mes ressentis du moment, abstraites, floues, géométriques.
Peur de la maladie pour mes proches, privation de liberté, attente, incertitude du lendemain
mêlées au bonheur d'aimer, la plénitude de l'instant présent, savourer la sérénité, découvrir un nouveau chemin.
Oubliés les projets de vacances, les soirées festives ou culturelles, le "tout est possible"; tout n'est qu'absence.
Ensuite vient une série de personnages flottant dans cette étrange histoire, en silence.
Il n'y avait plus de papier à dessin ce jour là dans la boutique, je n'ai trouvé que du papier millimétré.
Encre au pinceau, stylo bille tortueux, les personnages se trouvent seuls face à ce chaos, cet univers déserté.
Dualité entre fluidité et tortuosité, douceur et raideur, limpidité et solidité, tendresse et sécheresse.
Pour terminer l'étude de ces 55 jours entre grand bonheur et détresse,
de grandes aquarelles jaunes et bleues évoquent également des scénettes de cette vie surréaliste non choisie:
promenades dans ces rues vides, en trottinette ou roller, avec une glace dans la main, du soleil ou de la pluie,
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