vendredi 28 février 2020

Nage libre


 
 
Un rectangle bleu, une mer calme, un océan tourmenté, de l'eau dans l'espace.
Un volume d'eau javellisée, salée, au goût de terre dans lequel des corps se mêlent avec grâce.
Les yeux de grenouilles derrière les lunettes de plastique observent les nageurs silencieux.
Un maillot de bain noir, un autre rouge, un vert ici très classieux.
Au milieu de cette étendue turquoise, ces notes colorées vibrent en cadence.
Les nageurs, devenus robots mécaniques, évoluent en rythme intense.
Aller-retour. Longueurs ici et là. On dirait des soldats disciplinés.
Mouvement des membres, sans écarts, réguliers.

Quelques vaguelettes, d'infimes éclaboussures, tout est calme sous l'eau.
Les têtes qui se relèvent se connectent quelques instants avec le bruit de là-haut.
En bas une sensation sourde permet une méditation, une introspection,
qui se ressource une seconde pendant la respiration.

La natation telle un ballet classique
devient contemporain quand débarque un artiste.
Il s'élance, ne contrôle pas ses gestes, improvise,
il compose au fur et à mesure, puis avise.
Il choisit un angle de chorégraphie,
qu'il abandonnera petit à petit.
 
Les lunettes s'embuent, le souffle s'intensifie, les cheveux dépassent des bonnets, la séance est terminée.
L'échelle métallique et froide accueille les pieds mouillés des poissons d'un cours de natation bien mené.
Ici, au milieu de la nature, chacun fait ce qui lui plaît, l'homme devient animal.
Devant, derrière, à droite, à gauche, en diagonale.

Tout est permis, c'est la grande liberté au milieu des rochers altruistes.
Les corps domptent ces éléments surréalistes.
Se laisser glisser, se laisser aller, laisser la nage diriger les sens.
Les corps en mouvement ou immobiles s'abandonnent avec aisance.
Les nageurs d'ici ou d'ailleurs, explorent l'eau,
la traversent, la caressent, l'apprivoisent et c'est beau.















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